La préparation à un événement est toujours agréable: souliers, veste
d’hydratation, parcours…Mais quand un mal de dent s’invite à partir
du jeudi et que la course est le samedi, ça change la donne.

Aller à l’Ultra trail du bout du monde, c’est se rendre où se
marient une belle forêt et le golf St-Laurent et, si on est chanceux,
on entend les baleines quand on est sur le bord des falaises qui
bordent la mer, situées sur la pointe de la Gaspésie. C’est « au
boute », comme on dit souvent aux touristes!
Le vendredi matin, après avoir passé une nuit à essayer toutes les
grimaces et à changer de position sans que le mal de dents ne passe,
je me rends compte que c’est sérieux, donc je décide d’appeler ma
dentiste pour trouver un remède à cet indésirable. Armé
d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques, d’un bon pharmacien et des
conseils précieux de celui-ci et de ma dentiste, je sens déjà que ça
va mieux. Des gens de New Richmond bien appréciés, l’effet papillon de
petite chose positive, c’est toujours bon!
Allez, go, direction Parc Forillon. Je prends immédiatement 1
anti-inflammatoire et 1 antibiotique, mais l’effet ne sera pas là tout
de suite, donc ça élance pas mal fort! On lâche pas, la vue sur le
Parc Forillon à partir de Gaspé est toujours aussi belle, je me dis
« demain, je te tape ça d’un bout à l’autre, yeah! »
Arrivé sur le site à Grande-Grave, je retrouve les gens de
l’organisation et les mordus du trail. Le soir arrivé, j’aime bien le
luxe, mais le camping avec du froid, j’adore, et on apprécie ce que
l’on a après, donc je décide de passer la nuit dans un secteur
tranquille dans ma tente huttopia à moi, mon camion.

Avec un sac de couchage, une petite couche de linge, une belle fraicheur et
bien sur une belle vue sur les étoiles. D’ailleurs, avec ce mal de
dents qui ne m’a pas lâché encore, tout en fixant les étoiles dans la
nuit, je me disais dans mon intérieur, je sais pas c’est qui ma bonne
étoile dans la gang là-haut, mais si tu pouvais me faire une faveur et
m’enlever ce mal de dents, ça serait pas mal!
Le jour J arrivé, je me lève à 5h, les yeux encore collés un peu, et
on nous amène, à 6h, par autobus au Lac Rivière-au-Renard où a lieu le
départ. Roxane, l’organisatrice, et les gens de la Sépaq nous
attendent pour nous donner les consignes du parcours. Lorsque le
responsable de Parc Canada parle, il y a un silence et un sérieux fou. Il
nous mentionne qu’il y a des orignaux et des ours noirs et de ce qu’il
faut faire en cas de rencontre avec eux. Le silence est à son maximum,
puis il enchaîne avec « il y a de la boue pas mal, sur certaines
sections, et pas mal de racines ». Je le regarde d’un air sérieux, mais
à la blague, je lui dis -comme si j’étais tout démonté par l’affaire –
» Vous n’avez pas coupé les racines? Quoi? » Vous auriez dû voir son
visage! Et là, tout le monde est parti à rire, on voit que le fun
vient de commencer!
On peu apercevoir la rosée gelée sur l’herbe que le soleil éclaire
bien. Wow, que c’est beau! Nous voila parti, 7h am, tout le monde est
enthousiaste, des « yé, yé! » se font entendre, on entreprend une belle
montée et les pulsations montent, c’est vraiment agréable, ces
moments-là. Un beau parcours tout le long et de bonnes sections assez
roulantes (des sections planches et de belles descentes), mon mal de
dents est lui aussi de la run. Moins intense lorsque je ne mange pas,
mais aussitôt que je grignote, j’ai des signaux. Mais ça en prend plus
que ça pour m arrêter de manger!
Rendu au ravito 2, la gang du 35 km sont là et attendent leur départ à
9 h. J’ai un 15 km de fait, yes! J’aperçois de bons amis qui
m’encouragent, ça se prend bien.
Note personnelle: Le balisage est vraiment super beau, un des plus beaux que j’ai vu, et c’est la clé du succès d’un parcours de trail running pour une organisation. Bravo gang de l’Ultra du bout du monde!
Vers le 38e kilomètre, nous courrons sur une section de plage vraiment
belle, le son unique de nos pas sur les galets de Grande-Grave ,le
quai avec son odeur saline, le bruit de la vague, c’est bien ma
Gaspésie.
On doit se rendre virer au bout du monde vraiment, à Cap
Gaspé, une section que je trouve longue pour l’aller, car sommeil et
fatigue se font sentir. Pouvoir courir la tête accotée sur un
oreiller, ça serait bon! La vue est magnifique rendu là-bas, et au
dernier ravito, je me nourris à plein et prends 2 antibiotiques à
l’heure prévue et c’est reparti pour le dernier 6 km, un retour qui
passe très vite. Je vois l’arche d’arrivée, yeah! Une grande joie
m’envahit, même si j avais un peu douté de pouvoir faire cette course,
j’ai osé malgré les imprévus et ça augmente la valeur de l’estime de
soi. Je me sens bien physiquement grâce à cette poussée d’adrénaline.
Je reste à l’arrivée pour voir amis et autres coureurs franchir la
ligne et les féliciter voir leur joie. Un beau moment d’un événement
comme celui-là!
Le soir, je décide de repartir vers le Parc de la Gaspésie pour aller
dormir dans ma tente Huttopia rendu là-bas. Le lendemain matin, après
le petit déjeuner bien mérité au gîte du Mont-Albert, je
décide de faire le mont Ernest Laforce et le Lac des Américains avec
ses sommets enneigés.
Le ski s’en vient, yahoo! Un retour en après-midi chez moi, mes muscles sont sensibles aux jambes et aux bras, et ma dent l’est encore aussi, mais au moins, ça dort
bien avec tout ça…
Une belle course de 50 km. 6 h 35, 2,400 m. d+ selon ma montre, et
pis un p’tit gars bien content!