(À 55 ans, je débarque avec mon premier blog, merci à mes deux filles pour la révision des textes et à mon bon ami Louis Lessard pour l’écriture et la conception du site web)
Tout d’abord, j’aimerais vous situer. Je demeure en Gaspésie, à Carleton-sur-Mer, près de la mer et des montagnes. Très près. Pour tout dire, j’ai constamment les deux pieds dans l’eau et la tête au sommet, entre les cimes des arbres.
Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler de ma 3e journée de course cette semaine : un parcours de 22km, avec 1267m de dénivelé positif, et ce lors d’une journée où les rafales frôlaient les 70km/heure.
À mon lever, un beau soleil brille sur la Baie-des-Chaleurs. Je vois que les vagues sont grosses, et ça me rappelle mes années de pêcheur de pétoncles passées avec ces vieux loups de mer qui lisaient la météo juste à regarder les nuages et la mer. Un saut rapide sur internet me confirme que les gros vents seront à l’honneur. Allez, go! J’ai toujours aimé les températures d’automne de fin d’octobre.
Parfois, je sors de la maison et mon parcours commence dès que je mets le pied à l’extérieur. Aujourd’hui, je décide de prendre mon camion jusqu’au stationnement qui sera mon départ. Dès mon arrivée, j’entends le vent qui souffle au sommet, j’aime toujours y monter par moi-même pour voir ce qu’il a à me montrer et à me raconter. Le vent de ce matin est déjà très fort, je n’ai pas de doute. Au petit pas de course, je pars et j’entre dans un beau single track (sentier pédestre) que je connais bien depuis des années, un beau terrain de montagnes et de coulées.
Les odeurs d’automne me remplissent les poumons de joie. À la première coulée que je traverse, je me rend compte que l’eau coule à nouveau, elle qui était à sec durant la saison estivale. C’est le premier trésor de la nature que je croise sur mon parcours, et je sais que ce ne sera pas le dernier. Chaque fois, je prends la peine de ralentir et d’observer leur beauté, leur beau costume d’automne.
Mon ascension commence à mon premier sommet des deux montagnes que je prévois gravir, et je me dis que je devrai faire attention au « snooze running ». Lors de la course, il nous arrive d’être perdu dans notre bulle et de ne pas se souvenir d’être passé dans un secteur. J’entends les vents me parler fort, et je sais que je dois redouter de prudence face à ce que celui-ci peut amener. Je décide d’inverser ma technique de course pour y arriver, et lorsque j’arrive au sommet, les vents chantent tellement fort que je dois tantôt accélérer, tantôt ralentir tellement il se fait sentir. Les racines au sol m’amènent à me sentir comme si je dansais avec la nature. J’adore ça, je me remplis les poumons à fond, je suis dans mon élément.
Je fais un bout sur le sommet et au milieu, je décide quand même de m’arrêter au belvédère naturel, parce qu’il n’y a rien comme un selfie avec la nature. Je repars, j’entreprends la descente et je suis très attentif. Je balais des yeux les alentours et soudainement, je vois deux chevreuils qui courent en avant de moi, comme s’ils voulaient m’accompagner. Au bas de ma descente, je suis accueilli par un beau ruisseau et sa chute gonflés par la pluie des derniers jours.
Après avoir pensé à me désaltérer et à me remettre quelque chose dans l’estomac, je commence ma deuxième montée. Il vente moins et je suis à l’abri de la montagne que je viens de gravir : elle me protège des vents. J’en profite pour jeter un coup d’oeil aux alentours, et j’aperçois de beaux endroits pour le ski hors piste que je pratique une fois l’hiver bien installé.
Au sommet de la montagne, le vent et les arbres font de la musique, et je me plais bien du spectacle gratuit. J’applique ma technique inversée, soit de regarder plus souvent la cime que les racines – un rehaussement du côté technique qui m’allume vraiment – et je suis en extase totale. Je passe tout près du chalet d’un amis, et je m’arrête pour le saluer. Une fois à l’intérieur, je remarque une belle pensée, accrochée à un mur : danse comme si personne ne te regardait. D’une certaine façon, ça me rappelle ma mère, décédée en février, qui m’avait dit qu’elle était fière de moi parce que je n’avais jamais peur de foncer.
Je continue ma course avec en mémoire ces belles paroles, j’entreprends ma descente dans le secteur où le vent est à son plus fort et où les risques dans ma course sont plus élevés. Des conditions comme ça, ça m’allume, ça me donne de l’énergie. Il me reste 3 km à faire avant mon arrivée, et je sais que je les ferai avec le sourire accroché au visage.
Quelle belle avant-midi. Presque 3h de course que j’ai pris le temps d’apprécier. Merci, la vie.
Wow! Ça donne envie d’y aller! On est fier de toi, Gaston! Xxx
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Vraiment inspirant! Merci pour ce texte qui me transporte.
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Magnifique !
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